"Anatomie de l'image" (L'une des 9 sections thématiques de l'exposition)
Témoignage du corps, de son animalité, de son étrangeté, de sa folie, de sa « beauté convulsive », le médium photographique est lui-même mis à rude épreuve : surimpressions, solarisations, brûlages, grattages, voilages, distorsions, jeux chimiques modifient la matière des images, avant même les figures. C’est que le corps, pour les surréalistes, est le laboratoire de la « beauté convulsive » chère à André Breton. L’expression dit combien il s’agit ici de désir en même temps que d’écart vis-à-vis des normes esthétiques, de plaisir en même temps que de souffrance.
"La Nébuleuse" par Raoul Ubac (1939)
Une femme en maillot de bain devient ce que l’artiste nomme « déesse foudroyante » : cette métamorphose résulte du brûlage, autre procédé souvent utilisé par Ubac. Il s’agit de placer la plaque de verre d’un négatif exposé dans un récipient d’eau chaude, afin de faire fondre l’émulsion. « C’était donc, écrit l’artiste dans une lettre à Yves Gevaert, un automatisme de destruction, une dissolution complète de l’image vers l’informel absolu. J’ai traité de cette manière une bonne partie de mes négatifs, le résultat étant le plus souvent décevant, sauf dans un cas (…), La nébuleuse. » (Rosalind Krauss, « La photographie au service du Surréalisme », in Explosante fixe.)
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