mercredi 27 juin 2012

"La Danaïde" par Auguste Rodin (1889-1890)

Rodin choisit non pas, comme dans l’iconographie traditionnelle, le moment du remplissage mais celui du désespoir devant la stérilité et l’inanité de la tâche. Épuisée, la Danaïde repose la tête « comme un grand sanglot » sur son bras. Sa chevelure répandue, que Rainer Maria Rilke disait « liquide », se confond avec l’eau qui s’écoule de sa jarre. Son corps est poli comme de l'ivoire, tandis que le bloc de marbre dont elle semble émerger est taillé beaucoup plus sommairement, gardant la trace des outils. Apollinaire, dans son recueil de poèmes "Alcools", fait référence aux Danaïdes dans le vers "Ô mes tonneaux des Danaïdes", car sa peine est censée se prolonger et durer sans fin, à l'image du tonneau percé de l'éternité.