lundi 9 novembre 2009

La parade des humbles


C'est à une découverte que nous invite le Petit Palais, musée des Beaux Arts de la Ville de Paris, celle de l'artiste peintre Fernand Pelez (1848-1913). Ses œuvres sont centrées sur les figures du Paris populaire qu’il côtoyait à Montmartre où il installa son atelier : femmes, enfants, clowns et acrobates ou jeunes danseuses de l’Opéra. Sa nouveauté est d'avoir dédié aux plus humbles, des tableaux de grands formats (réservés jusque là aux scènes historiques ou académiques) L’exposition rétrospective que lui consacre le Petit Palais fait surgir, après un siècle d’oubli, la singularité de ce peintre de la Belle Epoque.

dimanche 1 novembre 2009

"Ode à l'absinthe"

Quand je suis tombée dessus la première fois, le poème était attribué à Musset. J'étais perplexe - oui, j'ai toujours détesté ses oeuvres, quelles qu'elles soient - alors j'ai poussé mes recherches, ne pouvant me résoudre à l'idée que je pouvais finalement, après tant d'années, me laisser séduire par les mots d'Alfred.
Ce poème est en fait de Valéry Vernier, je me disais bien aussi...

Salut, verte liqueur, Némésis de l'orgie!
Bien souvent, en passant sur ma lèvre rougie,
Tu m'as donné l'ivresse et l'oubli de mes maux;
J'ai vu plus d'un géant pâlir sous ton étreinte!
Salut, sœur de la Mort! Apportez de l'absinthe;
Qu'on la verse à grands flots!

Il est temps à la fin que je te remercie:
Celui qui ne sait pas toute la poésie
Qu'un flacon de cristal peut porter en son flanc,
Celui-là n'a jamais près d'une table ronde,
Vu d'un œil égaré les globes et le monde
Valser en grimaçant.

Il ne soutiendra pas sans que son cœur défaille
Qu'il n'est pas sur la terre une chose qui vaille
De l'ivrogne absinthé le sommeil radieux,
Qui peut, quand il lui plaît, durant son rêve étrange,
Quittant le corps humain, sentir des ailes d'ange
L'emporter dans les cieux.

Moi, je t'aime! Aux mortels ta force est plus funeste
Que la foudre, le feu, la mitraille, la peste,
Et je te vis souvent terrasser le soldat,
Insoucieux de tout, contentant son envie,
Quoique sachant trop bien qu'il te donne sa vie
Qu'épargna le combat.

J'aime ta forte odeur et ton flot d'un vert sombre
Qui laisse s'élancer, au milieu de son ombre
Des feux couleur de sang tout le long du cristal,
Comme si le Seigneur, en signe de prudence,
Avait voulu mêler à ton vert d'espérance
Quelque signe fatal.

Belle comme la mer, comme ses flots cruelle,
Tu peux quand tu le veux aussi, cacher comme elle,
Sous un calme apparent tes instincts irrités,
Et ton flux fait tourner un océan de têtes,
Qui battent en riant, les soirs des jours de fêtes,
Les portes des cités.

Pour moi, qui ne veux pas atteindre la vieillesse,
Je veux contre ta force essayer ma faiblesse,
Combattre contre toi, t'étreindre corps à corps.
Je veux voir, aujourd'hui, dans un duel terrible,
Si tu peux soutenir ton titre d'invincible:
Notre témoin sera la mort!

"J'ai traversé des océans d'éternité pour vous trouver"